vendredi 14 février 2014

Le convoyage de "Marie"

De Saint-Mammès (77) à Saint-Jean de Losne (21) en 18 jours de navigation !!!

Le but de ce convoyage est de livrer le klipperaak "Marie" sur son futur lieu de vente.


Nous avons réalisé ce convoyage entre le 18 janvier et le 11 février 2014, grâce à l'aventure que nous avons vécue cet hiver 2014, contée ci-dessous, qui a entraîné un rapport d'expertise remis au propriétaire, toutes les anomalies relevées ont fait l'objet de travaux correctifs. Ils ont été diligentés par le propriétaire et réalisés par un professionnel.

Ainsi et en conclusion, voici une très belle unité, dotée d'un excellent rapport qualité / prix, que nous recommandons pour y vivre très confortablement à l'année et la "Marie" sera un véritable plaisir pour la navigation...

Le klipperaak "Marie" avant son départ de Saint-Mammès (77)
Tout d’abord le voyage en chiffres :
Du 19 janvier au 9 février

  • 104 heures sur 18 jours de navigation
  • 154 écluses franchies
  • 480 km parcourus
  • 459 litres de gasoil
  • Consommation 4 à 5 l/h
  • Consommation d'huile excessive : 25 l en 90 heures soit 28 cl/h
  • 8 cours d’eau empruntés:
- La Seine amont de Paris
- Le canal du Loing
- Le canal de Briare
L'ancien canal de Briare
- Le canal latéral à la Loire
- Le canal du Centre
- La Saône
- Le canal de déviation de Seurre


·         8 départements traversés
  •     La Seine et Marne - 77
  •     Le Loiret - 45
  •     L'Yonne - 89
  •     Le Cher – 18
  •     La Nièvre – 58
  •     L'Allier – 03
  •     La Saône et Loire – 71
  •     La Côte d’Or – 21
   4 régions traversées
  • L'Île de France
  • Le Centre
  • L'Auvergne
  • La Bourgogne
Le bateau :
La marquise en bois démontable


"Marie" est un bateau (et non une péniche**) hollandais, de type Klipperaak, construit en 1930, elle mesure 16 m de long, 3,70 m de largeur, 1,05 m de tirant d’eau et 2,70 m de tirant d’air.

Elle est en acier et pèse 38 tonnes.


Sa timonerie - la marquise est en bois et est entièrement démontable, abaissant ainsi son tirant d'air à 1,70 m minimum.


** Il est commun d'appeler les 38 m et beaucoup d'autres bateaux : "péniches" ! En fait une péniche est un type de bateau, en bois ou en fer, sans moteur et construit pour le gabarit Freycinet. Dès lors qu'elle reçoit un moteur en devenant autonome, c'est un AUTOMOTEUR, mot qui désigne alors tout bateau de commerce fluvial quelque soit sa taille et sa nationalité.
Tous les bateaux Hollandais conservent leur appellation (Tjalk, Klipperaak, Rietaak, Luxemoteur etc...) au même titre que les types de bateaux dit "Vedettes Hollandaises" ou comme Blue-Lagoon, un"Trawler" ne peuvent être désignés comme des Automoteurs.
A noter que le 38m est appelé "Spits" chez nos voisins Belges et Hollandais

Le moteur :
C'est un Berliet de 1950 de 130 CV soit 95 KW avec inverseur à manivelle... Environ 10 à 15 secondes de temps de réponse entre la marche avant et la marche arrière ! Il faut impérativement anticiper...
2 alternateurs rechargent respectivement les batteries de service en 12 Vcc et les batteries de démarrage moteur qui sont en 24 Vcc.
Le groupe électrogène, lui n'est pas raccordé.

L'eau et le chauffage du bord :
Il y a deux suppresseurs : un, placé à côté de la cuve de 1200 litres d'eau, se trouvant dans le pic avant. Il permet d'avoir l'eau sous pression, pour l'évier, la douche, le lavabo et le WC broyeur. L'autre se trouve dans la cale moteur - c'est le ballon rouge, en haut à droite, il maintient la pression dans les radiateurs alimentés par l’accélérateur de la chaudière du chauffage central qui fonctionne en 24 Vcc et au gasoil provenant de la cuve de 350 litres.



Le moteur Berliet de 130  CV - 95 KW de 1950
Cette cuve de gasoil est en haut à gauche sur les photos et dessert donc moteur et chauffage central. Elle est en fait compartimentée ou  composée de 2 cuves, l'une dans l'autre, une en partie haute qui alimente le moteur par gravité et le "reste" pour le stockage... Lorsque le niveau descend vers le seuil bas de gravité, il faut à l'aide la pompe à main qui est fixée sur la cuve, pomper le gasoil  dans la cuve supérieure. 
Attention à la panne sèche si la cuve supérieure est vide !!! Et il n'y pas de jauge ou de témoin pour vous l'indiquer.
Donc nous avons fait le choix de ne pas prendre de risques et d'avoir toujours le plein en complétant tous les jours, à l'aide de bidons de 20 ou 25 litres, les 50 à 70 litres consommés dans la journée.

La pompe à gasoil à main à gauche et le suppresseur rouge

La rustique commande d'inverseur à
manivelle. 2 tours et demi pour passer
de marche avant en marche arrière soit :
10 à 15 secondes de temps de réaction,
interdisant ainsi toute manœuvre
d'arrêt d'urgence.

La commande de gaz à crans





























Côté confort :
La cuisine américaine très lumineuse derrière le bar
cette péniche est très agréable à vivre et possède tous les équipements neufs en électroménager disposé dans une lumineuse cuisine américaine : lave-vaisselle, cuisinière 4 feux gaz avec four et grille pain intégré, four à micro-ondes, bouilloire, auto-radio avec chargeur de CD.
Le lave-linge quant à lui est caché dans un des placards de la cabine propriétaire.













Une cabine avant, très spacieuse avec de nombreux placards de rangement, dont un reçoit le lave-linge et un grand lit confortable de 140, avec circulation tout autour, repose sur des coffres de rangements.
Dommage qu'il faille soulever le matelas pour accéder aux coffres. Il sera très facile pour le futur acquéreur d'aménager des tiroirs d'accès débouchant devant le lit et sur les côtés.
Les stores déroulants sont à occultation complète ou à moustiquaire.
Une autre modification sera à prévoir. L'interrupteur pour la lumière générale de cette cabine se trouve derrière la porte à hauteur des charnières, très peu pratique ! Mais il faudra aussi isolé le circuit des spots plafonniers du circuit des deux veilleuses qui sont actuellement pilotées et réunies sur ce même interrupteur... Quand l'un veut dormir, il peut éteindre sa liseuse mais il garde la lumière des deux spots dans les yeux !!!


Cabine avant entourée de placards
Le lave-linge est dans le placard de gauche et on distingue
 un des radiateurs raccordé au chauffage central


















Face à la cuisine américaine et au bar avec ses 2 tabourets réglables en hauteur, se trouve le salon-bibliothèque composé d'une banquette d'angle convertible en un lit double, et une petite table basse.


La bibliothèque et l'escalier menant à la timonerie

La banquette d'angle convertible en lit double











Donnant sur la gauche du couloir menant à la cabine avant, on trouve une vaste salle de douche composée d'un grand bac, d'un lavabo et d'un WC-broyeur alimenté en eau propre par la cuve de 1200 litres.
Un peu de plomberie apportera quelques améliorations à ce dispositif :


La douche et le WC-broyeur
Le grand bac à douche
Le couloir

























  1. Tout d'abord séparer les circuits d'évacuation du bac à douche, du lavabo et de l'évier de la cuisine. Soit trois orifices distincts de sortie au lieu d'un. Effectivement, les eaux grises du bac ou du lavabo aspirer par la pompe ont une fâcheuse tendance à remonter par le tuyau d'évacuation de l'évier !
  2. Poser une seconde pompe pour le lavabo si, il ne peut bénéficier d'une pente naturelle pour son évacuation (à vérifier).
  3. Changer ou réparer le mitigeur du lavabo.
  4. Alimenter le WC-broyeur par l'eau de rivière à travers un filtre pour éviter de consommer l'eau de la cuve.
  5. Ou par souci d'écologie, installer deux cuves de récupération, une pour les eaux grises et une pour les eaux noires.


Derrière la marquise sous la plage arrière se trouve l'ancien logement du marinier...

...qui a été aménagée...
...en rangements
















Les étapes du premier au dix-huitième jour :

Attention ! Il est délicat de circuler l'hiver ! Les ports ou les haltes fluviales où les points d'eau sont fermés pour cause d'hivernage, les bornes électriques aussi ! On ne sait jamais, si les électrons se mettaient à geler... Sans parler des pompes à gasoil, mise à part Briare, Saint-Léger sur Dheune et Saint-Jean de Losne, il n'y en a aucune... Prévoir les bidons ou jerricanes et le caddy pour les trimbaler !!!

La Seine vers l'aval sur 1 km environ, puis le canal du Loing, à gauche
Île de France


Marie peu avant son départ de Saint-Mammès (77) - Seine et Marne


















1  - De Saint-Mammès (77) à Nemours (77)
Nous appareillerons de Saint-Mammès à 13h26 pour arriver à la halte fluviale de Nemours  à 17h40 après les vérifications d'usage avec le propriétaire et qui seront effectuées par la suite chaque jour :
  • Faire le plein de gasoil
  • Vérification du plein d'eau
  • Vérifier le niveau d'huile
  • Effectuer le graissage de l'arbre à l'aide de la pompe à graisse, à poste dans la cabine arrière
  • Tourner manuellement le filtre inverseur
  • Nous constatons en fond de cale beaucoup d'eau mélangée avec de l'huile, qui sera pompée en partie, jusqu'à ce que la pompe électrique à poste ne soit plus assez immergée pour continuer son action et elle débouche dans un bidon de 20 litres ? Ainsi 120 litres seront remontés et évacués. La commande de cette pompe se fait en faisant toucher 2 cosses femelles "Faston"!!!
  • Voyons dans le pic avant... Mêmes problèmes, une autre pompe de vidange électrique à poste, les deux bouts de fils à faire toucher et un tuyau d'évacuation assez long qu'on peut faire sortir sur le pont ! Mais il faut soit le fixer, soit être deux pour que l'un le tienne, sinon il retourne d'où il vient - c'est à dire sur la tête et les vêtements de celui qui tient les deux fils de commande touche-touche - douche peu ragoutante, croyez-moi ! Bien évidemment les dispositifs de commande et d'évacuation pour ces deux pompes seront à revoir...
  • Comme déjà écrit plus haut, nous constatons que le point mort est pratiquement inexistant et que le temps d'inertie de l'inversion entre marche avant et marche arrière est extrêmement long - 10 à 15 secondes ! Alors méfiance et prudence de rigueur...
Après avoir largement anticipé notre entrée dans notre première écluse passée à bord de Marie sur les 153 à venir, nous sommes plutôt rassurés en ce qui concerne nos manœuvres futures. Aujourd'hui nous en franchirons sept.


Notre première écluse n°19 à bord de Marie à Moret sur Loing (77)
Canal du Loing

La barre hydraulique à chaîne est dure, mais agréable et assez précise pour le moment, affaire à suivre...

A ma gauche, la manivelle d'inverseur - 2,5 tours et le "macaron" dans les mains
Le macaron est le nom attribué  à la barre à roue sur les bateaux fluviaux.

Et voici la perspective vue de la "marquise"
La marquise est le nom attribué au cockpit ou passerelle ou encore timonerie sur les automoteurs
La marquise est complètement démontable, grâce à des charnières amovibles et à des grenouillères abaissant ainsi le tirant d'air au niveau du "macaron" - 1,70 m !

2  - De Nemours (77) à Montargis (45)

Départ à 9h26, nous arriverons à 16h45 et nous passerons 13 écluses.


Écluse n°11 de Chaintréauville à Saint-Pierre Lès Nemours (77)
Canal du Loing

Maison originale près de Souppes sur Loing (77)

Centre

L'envol d'un héron cendré pour nous devancer d'une centaine de mètres et nous attendre à nouveau sur la même berge, en guettant les poissons dérangés par l'approche de notre étrave et pourquoi pas, ne pas pêcher les plus téméraires ou étourdis qui s'égareraient proche de la surface ?
Passage sur le canal de Briare, que nous embouquerons à 16h00

Deux problèmes inquiétants surgissent au cours de cette journée:

    1. La barre réagit bizarrement, nous entraînant progressivement dans de grandes sinuosités, puis des embardées et le cap est de plus en plus dur à tenir
    2. Le moteur chauffe à 90 °C et une fuite est constatée au niveau des joints spi de la pompe à eau
    Le matin au port de Montargis,  les quémandeurs venant chercher pitance avec insistance

3 - De Montargis à Montbouy (45)

Nous passerons la matinée à analyser et à résoudre les problèmes de la veille en trouvant maintes solutions:

  • Le problème de barre est dû au fait qu'il n'y a plus d'huile hydraulique dans le réservoir et le circuit. Donc le plein sera fait (1 litre) et sera lui aussi contrôlé tous les jours. Après inspection, il semblerait qu'une micro fuite subsiste au niveau du vérin.
  • Pour le problème de surchauffe moteur, le filtre d'eau "de mer" sera inspecté et nettoyé. Peu de saletés s'y trouvent. Malheureusement le joint est complètement bouffé, écrasé et se disloque à l'ouverture du filtre. Un nouveau joint sera bricolé à l'aide d'un morceau de tuyau en caoutchouc, qui par chance est parfaitement au diamètre de la gorge - 10 mm - du couvercle de filtre et un peu de silicone au niveau de la jointure des extrémités du tuyau posé circulairement, complétera une étanchéité parfaite. Cependant la cause de surchauffe n'est pas pour autant décelée... 
La vanne papillon de fermeture de la prise d'eau vers le filtre, au centre, en haut
Le filtre en forme de cocotte minute avec sa fermeture par boulons
Les 2 boulons viennent pincer le nouveau joint constitué d'un bout de tuyau en caoutchouc et de silicone

Le suppresseur rouge, en haut à droite, pour le maintien de la pression dans le circuit de chauffage par radiateurs

Départ à 13h00 et arrivée à 17h20, journée où 8 écluses seront franchies.

Écluse n°34 de la Reinette (45) - Loiret - Canal de Briare

Le problème de barre est résolu...

... mais le moteur continue à chauffer !!!
Écluse n°29 du Moulins de Tours (45) en vue - Canal de Briare
Perspective d'entrée
C'est pas haut, c'est pas large, mais ça rentre...
Entre Montcresson et Montbouy (45)

4 - De Montbouis à Ouzouer sur Trézée (45)

Gelée matinale sur Montbouy (45)
Départ à 09h06 et arrivée à 16h25, avec une incursion dans le département de l'Yonne (89) et 21 écluses seront franchies.


Écluse n°26 de Montbouy
Canal de Briare
Montbouy (45)


















Écluse n°22 de Briquemault...

...avec son joli pont-levis - Canal de Briare


Le magnifique ouvrage d'art de Rogny les 7 écluses (89) - Yonne - Canal de Briare

Le roi Henri IV et son ministre Sully ont fondé en 1597 le projet de développer les voies navigables de la Manche à l'Océan Atlantique et à la Méditerranée.
Les travaux de Rogny (89) commencèrent en 1605. Ce travail d'architecture était solide dans sa conception : les murs de soutènement épais de 1 mètre 95 s'épaulaient mutuellement, et sa réalisation était économique puisque les écluses accolées limitaient le cubage de maçonnerie et le nombre de portes. Son exploitation l'était moins. Les bateaux ne pouvant se croiser l'attente durait une journée pour laisser passer un train de chalands allant dans la même direction et la consommation d'eau doublait, une éclusée ne servant qu'à un seul bateau. Le volume d'eau nécessaire était de 1 600 m3 par bateau. Cette eau il fallait l'amener jusqu'au bief de partage soit 750 litres /seconde en été et toutes les sources étangs et réservoirs alentour y suffisaient à peine...
L'ouvrage fut évidemment entièrement construit à main d'homme. La population de Rogny augmenta de 12 000 ouvriers et de 6 000 hommes de troupe pour les protéger des propriétaires expulsés.

Le magnifique ouvrage d'art de Rogny les 7 écluses à la limite ouest du département de l'Yonne (89)
Suite aux difficultés financières et à l'assassinat du roi - pour mémoire, poignardé dans son carrosse par Ravaillac - les travaux s'arrêtèrent en 1610. La guerre de 30 ans, la mort de l'architecte et les objectifs de Louis XIII, firent abandonner le canal à la Compagnie des Seigneurs du Canal fondée en 1638, en toute propriété, avec toutes autorisations de détourner eaux et rivières pour l'irrigation, et toute liberté d'exploitation et de péage.
Ce grand escalier d'eau fonctionnera plus de deux siècles, permettant le développement de la navigation de commerce et la prospérité de la compagnie. Le trafic annuel allait de 3 à 4 000 bateaux.
En 1880 les sept écluses furent remplacées par les six actuelles au gabarit Freycinet de 39 m de long par 5,20 m de large.  Séparées d'environ 500 mètres les unes des autres, elles contournent la colline et, dès 1887, les anciennes trop petites et trop consommatrice en eau furent abandonnées.

A la halte nautique d'Ouzouer sur Trézée (45), une des rares avec l'électricité fonctionnant en hiver !!!
Merci monsieur le Maire !

5 - D'Ouzouer sur Trézée à Briare (45)


La halte nautique d'Ouzouer sur Trézée et en face le camion frigorifique qui livre la boucherie
Nous recommandons particulièrement la Boucherie Charcuterie Du Canal, qui ont des produits d'une qualité extra (1 quai Berry, 45250 OUZOUER SUR TREZEE - Tél.: 02 38 29 60 38 ) de l'autre côté du canal, face à la halte nautique. Il suffit de traverser le pont.

Les berges du canal sont bien fragiles, d'où l'intérêt de respecter la vitesse, sans faire de vagues...
Aujourd'hui nous passerons 4 écluses. 2 sur le canal de Briare en montant et les 2 écluses de La Cognardière (n°4) et La Place (n°3) en avalant sur le vieux canal de Briare.
Nous nous amarrerons à couple, face à la capitainerie.
Le vieux canal menait directement dans la Loire, après avoir franchi l'écluse Briare (n°2), traversé le port de Briare, qui est au cœur de la ville et passé l'écluse Baraban (n°1). Les bateaux pouvaient alors passer par cette écluse en Loire ou en amont de celle-ci, emprunter l'ancien canal latéral à la Loire qui menait à l'écluse des Combles et ainsi traverser le fleuve par un chenal endigué, long d'1 km qui menait en amont à l'écluse de Mantelot. Cette traversée, très périlleuse, liée aux aléas des crues a coûté de nombreuses pertes en vies humaines et matériels. Les mariniers ne savaient généralement pas nager et on comptait une dizaine de naufrages par an ! Jusqu'à 9000 bateaux par an, traversaient la Loire jusqu'en 1896, année où le pont canal a été mis en service - voir plus bas.

Que de souvenirs pour nous ! 100 ans après, en 1996, c'est là que nous avions loué notre premier bateau fluvial "Ti-Pacha" pour faire l'aller-retour jusqu'aux tunnels de la Colancelle, en amont de Clamecy. Lorsque nous l'avons rendu au bout de deux semaines, avec la larme à l’œil, nous étions saisis par le virus et c'est à cette occasion que nous avons décidé d'acheter un bateau et la maladie ne cessera d'empirée...


"Ti-Pacha", un Kingfisher de 7,80 m x 2.90 m - TA 2.20 m avec toit ouvrant !

A Briare, nous ferons le plein de gasoil, c'est la première pompe rencontrée sur le parcours. Le Capitaine du port est très sympa et très efficace, malheureusement il va quitter son poste, car beaucoup d'heures, pas de weekend, mal payé et aucune reconnaissance de la part de son employeur, la Lyonnaise des Eaux, qui a le port en gestion.
Je lui fait part de mon problème de surchauffe et dans la 1/2 heure une personne de la société Charmes Nautiques - c'est chez eux que nous avions loué Ti-Pacha 18 ans plus tôt ! - vient à bord.
Il vérifie l'impeller qui est correct, il me rassure sur la fuite aux joints spi de la pompe à eau, qui n'étant pas importante ne pose pas de problème. Je lui propose de changer la courroie, car j'en ai une en stock mais il préfère retendre celle existante qu'il trouve vrillée mais encore bonne ??? (Cette courroie cassera dans 8 jours ! - voir plus bas). Il vérifie à nouveau le filtre "eau de mer" qui ne contient encore, pratiquement pas de saletés.
Nous passerons la nuit à Briare, branché en électricité et nous en profiterons pour effectuer le plein d'eau qui est accessible et non hiverné. Ce qui, au mois de janvier est une performance !


6 - De Briare (45) aux Fouchards (18)

Nous franchirons à nouveau les 2 écluses de La Cognardière (n°4) et La Place (n°3) en montant sur le vieux canal de Briare puis nous tournerons à droite pour embouquer le canal latéral à la Loire. En suite nous passerons sur le pont canal et franchirons 4 écluses soit un total de 6 pour cette journée.

L'écluse de garde de la Cognardière
Le carrefour : sur la photo à gauche l'ancien canal menant à Briare sur 3 km, en haut à droite, à l'aval, le canal de Briare
et à présent nous sommes sur le canal latéral à la Loire
Arrivée sur le magnifique pont canal de Briare, long de 664 m, construit entièrement en métal par Gustave Eiffel entre 1890 et 1896, évitant ainsi la très dangereuse traversée en Loire, décrite plus haut...

On commence a découvrir la perspective du pont et ses deux maisons, sur chaque rive, réservées à l'administration

L'ancienne maison du conducteur des Ponts et Chaussées

La perspective du pont

La Loire sous le pont

La perspective du pont canal

Vu arrière du pont et des deux maisons, sur chaque rive, réservées à l'administration

La Loire vue du pont canal, bordé par deux trottoirs métalliques, eux aussi

Vu arrière du pont

On remarquera aussi la beauté des réverbères

Vu arrière du pont

La "borne" d'entrée rive droite et...

...la "borne" de sortie rive gauche


















L'embranchement de Châtillon sur Loire comporte trois écluses, l'écluse de l’Étang, l'écluse de la Folie - qui portait bien son nom - et l'écluse de Mantelot qui débouchait sur la Loire, pour sa traversée périlleuse - voir plus haut.

A gauche, l'embranchement de Chatillon sur Loire et de suite l'écluse de l’Étang 
Nous arriverons à Boulleret dans le Cher (18), après avoir passé 6 écluses et croisé 3 automoteurs au gabarit Freycinet - 38,50 m de long, 5,05 m de large pour une charge de 300 t pour 1,80 m de tirant d'eau, ou 350 t pour 2,20 m de TE. Le troisième automoteur, que nous n'aurons pas l'occasion de prendre en photo, tant le croisement est délicat, du fait qu'il ne se pousse pas et demeure ainsi dans le milieu... A croire que son pilote ne nous voit pas et effectivement, les marquises sont démontées, de plus ces automoteurs sont chargés sur l'arrière pour passer sous les ponts et la visibilité du pilote en ait ainsi excessivement réduite.


Y a pas beaucoup de place !
Et comme d'hab. c'est le petit qui se pousse...


Passe ou passe pas ?


...ça passe !

automoteurs hollandais au gabarit "Freycinet" de croisés et il en reste un !
Nous nous amarrerons aux Fouchards où gentiment la propriétaire d'une maison sur le bord du canal nous permettra de nous connecter à l'électricité. A 300 m à pied, nous retrouverons nos cousins J.B. et Nicole qui ont leur pavillon sur les hauteurs de ce charmant village.


7 - Des Fouchards (18) à La Chapelle Montlinard (18)

Journée qui nous permettra de passer 5 écluses et de musarder le long des vignobles de Sancerre et de Pouilly.


Les vignes le long du canal

Et voici la grêle !

Le mystérieux gui qui parasite une peupleraie

No comment...

8 - De La Chapelle Montlinard (18) jusqu'à l'écluse n° 20 de Jaugenay (58)

Au cours de cette huitième journée nous franchirons 8 écluses et un pont canal...

Quand l'eau rencontre le fer, idéal pour le transport du vrac avec un minimum de pollution
L'éclusier de l'écluse n°25 d'Aubigny (18) et à droite en amont se trouve l'embranchement du canal du Berry qui est déclassé
 90% des personnels de VNF, qui travaillent sur le canal sont charmants, accueillants et même dévoués. Ils ont connaissance que nous travaillons et donc que nous sommes pressés. En général, pour gagner du temps ils préparent les écluses de manière à ce qu'elles soient "favorables" c'est à dire portes ouvertes, prêtes pour y pénétrer. Surtout qu'en cette fin du mois de janvier, nous serons le seul bateau qu'ils vont voir dans une journée.
Mais, car il y a un mais, on tombe sur l'éclusier, ancien de la DDE, "recyclé" chez VNF qui nous fait poireauter devant les portes fermées à faire le bouchon à 10h30 pendant une vingtaine de minutes devant l'écluse n°25 d'Aubigny ! Sa coupure pour déjeuner est entre midi et 13h00. Et le gars est malin car il a quelque chose à faire à 13h00. Et donc il nous sasse de manière à ce qu'on sorte de cette écluse juste avant midi, d'où l'attente pour rien devant la porte ! Puis il nous donne rendez-vous à 13h15, de manière à avoir le temps de faire ce qu'il a à faire, à la prochaine écluse n°24 de Laubray, qui se trouve 9,34 km plus loin. Il n'y sera qu'à 13h20 ! Nous poireauterons encore... Explications : en nous retardant cela lui évitait d'être trop tôt à la prochaine écluse ! CQFD...

Le port de Marseille Les Aubigny (18) 

Le port de Marseille Les Aubigny (18) 

Un ragondin et non un rat musqué ?
Cette photo n'est pas là pour sa qualité, mais pour donner une idée de la taille de ce ragondin

Les écluses n°22 et n°21 du Guétin - 9,23 m de dénivelé  en tout

Les écluses n°22 et n°21 du Guétin - 9,23 m de dénivelé en tout

Les écluses n°22 et n°21 du Guétin - 9,23 m de dénivelé en tout

L'écluse n°22 du Guétin
L'écluse n°21 du Guétin


Dés la sortie des écluses du Guétin, le pont du Guétin en pierres qui enjambe l'Allier

Le pont du Guétin en pierres qui enjambe l'Allier

Le pont du Guétin en pierres qui enjambe l'Allier
Quel bonheur ! Nous avons réussit à le photographier...
Ce magnifique Martin-pêcheur est insaisissable, il vit caché, fait des vols très courts et très rapides.
Ici, il s'agit d'un mâle car il a le bec noir. La femelle a le bec couleur du même orange que ses pattes.
Dommage que cette photo soit un peu floue, mais c'est l'unique que nous avons pu prendre !

Un beau trompe l’œil
Arrêté en pleine nature en aval de l'écluse n°20 de Jaugenay (58) où nous passerons le nuit.
Les deux biefs amonts suivant cette écluse sont pratiquement vides, car VNF a entrepris la réparation des portes avales de l'écluse n°18 de Fleury. Il s'agit d'en déplacer une de 4 mm. Le problème se pose depuis trois ans !
Pour mémoire, le canal latéral à la Loire a été au chômage du 12 novembre au 22 décembre 2013, soit 40 jours...

Les périodes de chômage sont définies par VNF comme suit : 
"Chômage : C'est celui de la navigation, mais pas celui des femmes et des hommes en charge de la voie d'eau, qui, justement, auront à ce moment la plus grosse charge de travail. Durant cet arrêt de la navigation, qui peut durer plusieurs semaines (certains biefs sont vidés, d'autres restent en eau pour le stationnement des bateaux) on réalise toutes les opérations d'entretien et de réparation impossibles à effectuer lorsque les bateaux circulent et lorsque le canal est en eau.../..."
Extrait du lexique VNF - dont acte !

Alors pourquoi, deux automoteurs de commerce au gabarit Freycinet avalants et un bateau montant en convoyage dont les passages sont programmés depuis plusieurs jours, se trouvent-ils bloqués par des travaux, connus depuis 3 ans et qui auraient dû être planifiés durant la période chômage ?

Avec cette organisation qui me parait lamentable, je comprends mieux la baisse des activités commerciales sur nos canaux !!!



Nos amis les bêtes dans la basse cour à l'écluse n°20 de Jaugenay (58)

9 - De l'écluse n° 20 de Jaugenay (58) à Décize (58)

Le lendemain matin, nous apprenons que la porte de l'écluse n°18 de Fleury est réparée et que les biefs sont remis en eau. Nous devrions pouvoir repartir cet après midi.


Aval de l'écluse n°20 de Jaugenay (58)
Concernant les commerces circulant à vide, nous choisissons l'option de les laisser descendre dans les biefs en cours de remplissage. Ils vont pousser la vase. Ainsi nous éviterons d'avoir à les croiser  avec un manque d'eau évident sur notre tribord. Déjà que, quand le niveau est normal, il n'y a pas beaucoup de place, mieux vaut attendre sagement amarré.
Je vais aider le très sympathique éclusier qui manœuvre manuellement les portes de l'écluse n°20 de Jaugenay en attente des commerces. Malheureusement les portes avales ne ferment pas. Une pierre doit les bloquer. Il faudra à chaque sassement plusieurs ouvertures et fermetures pour parvenir à les fermer ! Ça ralentit encore la progression des automoteurs.



Le premier commerce sort du sas de l'écluse n°20 de Jaugenay...

S'en suit un croisement en toute sécurité

Le second commerce entre dans le sas de l'écluse n°20 de Jaugenay

Le second commerce sort du sas de l'écluse n°20 de Jaugenay
 A 14h30 nous repartons et nous franchirons 5 écluses jusqu'à Décize où nous arriverons à 19h09. Nous nous amarrons de nuit au ponton où il y a la perche pour télécommander l'écluse n°16 bis de Saint-Maurice que nous ne franchirons pas. Elle permet l'accès au port de Décize et après avoir suivit le chenal sur la Loire sur 500 m,  on peut rejoindre le canal du Nivernais.


10 - De Décize (58) à Garnat sur Engièvre (03)
Auvergne

7h30, il fait froid ce matin, on a plus de chauffage à bord ? Démarrage du moteur, il n'y a plus de batterie ! La chaudière fioul est raccordée sur la batterie moteur !!!

Je me déplace à la base de location "Le Boat" qui est en train d'ouvrir. Après avoir expliqué mon problème, le seul technicien présent sur les lieux emmène sur un diable une batterie de 12 Vcc et des câbles. On la branche : toujours pas de démarrage !
En fait 2 batteries sont couplées en série et le démarreur est en 24 Vcc. Le technicien retourne chercher une autre batterie et un câble de couplage qu'il ramène en voiture.
Le moteur redémarre, le technicien reprend ses batteries et ses câbles et ne réclame aucun frais ! Il nous dépanne par solidarité - Chapeau !

A 8h30 on reprend notre route sous une belle brume matinale, difficilement transpercée par le soleil, qui nous apporte une très belle lumière.


Brume matinale

Brume matinale

L'écluse n°14 de la Motte
Le héron cendré, beaucoup plus docile à se laisser photographier que le Martin-pêcheur
Aujourd'hui nous passerons 6 écluses.
Arrivés à 12h39 dans l'écluse n°10 de Rosière, je n'ai plus d'inverseur et donc plus de marche arrière ! L'éclusier - super - était prévenu du fait qu'aux précédentes écluses, depuis la n°13 de l'Huilerie l’inertie était de plus en plus grande pour passer en marche arrière.
Le jeu consiste alors à passer une amarre à l'éclusier le plus tôt possible dés l'entrée dans le sas, il la passe autour d'un bollard et la rend à Annick. Elle la passe ensuite sur une des bites avant et fait progressivement un puis deux tours morts pour freiner et arrêter notre péniche.
Avant de ressortir du sas, l'inspection de l'inverseur me fait découvrir une fuite d'huile au niveau du filtre d'inverseur. Après démontage du filtre, il s'avère que le joint en caoutchouc est complètement sec et coupé. Pas de joint de rechange !!! J'essaie d'en refaire un au cuter, dans une chute d'emballage plastifiée sur carton, mais ça dérape, alors j'abandonne...
On laisse la péniche amarrée dans le sas de l'écluse n°10 de Rosière et l'éclusier m'emmène au garage local "CHARRIER" de  Garnat sur Engièvre (03).
Le patron Cyrille CHARRIER, pompier volontaire, est d'une extrême gentillesse avec une grande conscience professionnelle. Il me découpe un joint dans du papier-carton spécial pour cet usage. Lui il est équipé d'emporte pièces, ce qui est mieux que le cuter ! Je lui demande ce que je lui dois, la réponse est : rien ! Encore une fois - BRAVO !
De retour sur "Marie" j'ajuste l'intérieur du nouveau joint en le retaillant un peu au cuter.
Je le remonte, j'essaie de démarrer le moteur et de nouveau plus de batterie comme au départ ce matin. Ce qui m'inquiète car depuis ce matin nous avons tourné 4 heures et les batteries moteur sont toujours déchargées ! Et l'éclusier nous avait permis de nous brancher sur le 220 Vca dans leur cabane et permettre la recharge des batteries.



L'éclusier me remmène au garage et là j'en profite pour prendre les bidons vides et faire le plein pour faire travailler mon "sauveur bénévole". Je pensais prendre un pack batterie 24 Vcc et recommencer la même manip que celle effectuée ce matin avec "Le Boat". Mais Cyrille préfère se déplacer à bord pour y faire des mesures.
De retour sur "Marie" en attendant Cyrille, je retends la courroie d'alternateur qui était relativement détendue.
Cyrille et son assistant arrivent et essaient de démarrer à l'aide d'un booster sans succès. Avec deux batteries 12 Vcc en série, comme ce matin ça redémarre. Mais après contrôle, il n'y a pas de charge qui retourne aux batteries. Après une inspection minutieuse, Cyrille découvre un fusible, bien caché, type auto, de 25 A hors service ! Il y en a en rechange à bord. On le change et la charge repart ! Sur notre périple, je le changerai 3 fois ???
A nouveau combien, je vous dois ? Réponse : vous me donnez ce que vous voulez, c'est le geste qui compte ! Décidément - BRAVO !
Nous repartons de cette écluse à 17h29 pour nous amarrer face au service VNF où le personnel - des gens formidables - va mettre à notre disposition une rallonge pour se raccorder dans leur atelier.
La nuit tombe et on a une heure de route pour arriver.
Durant ce trajet un nouveau phénomène se produit. A régime moteur constant, il y a un pompage au niveau de vitesse de l'arbre d'hélice. Je me demande si nous ne sommes pas en trains de perdre l'hélice ?


Le château à Garnat sur Engièvre (03), à 18h11 quand la nuit commence à tomber
Nous nous amarrons à 18h19. Une rallonge est mise à notre disposition et on se branche comme convenu.
19h15 surprise : Cyrille arrive accompagné d'un ami. Il vérifie que les batteries sont en cours de rechargement. Çà c'est PRO ! Cyrille nous présente son ami, c'est un mécanicien poids lourds, dont l'entreprise est sur le bord du canal à Dompierre sur Besbre (03), position qui l'a amené à travailler sur les moteurs de péniches !!!
Je lui explique le phénomène de pompage de la vitesse de l'arbre et ma crainte de perdre l'hélice, la fuite de l'huile d'inverseur et le changement de joint. En 2 mn il trouve la jauge à huile d'inverseur et détermine que le niveau est trop bas. 
Quid du changement d'huile ? A bord j'ai un bidon d'huile de 25 l soit disant pour l'inverseur qu'un professionnel a fait acheter au propriétaire. Pour les spécialistes à bord et moi même, c'est de l'huile standard pour moteur diesel.
Sur l'inverseur une plaque indique : DTE OIL S130 qui semblerait correspondre à de l'huile hydraulique ATF 420 ?



Cyrille n'a pas cette huile disponible mais il en approvisionnera et nous livrera demain en fin de matinée.
Un verre de l'amitié et de remerciements sera pris avec toute l'équipe, garagistes et personnels VNF. Nous remercions vivement, tous ces gens formidables qui nous ont soutenus en toute sympathie.


11 - De Garnat sur Engièvre (03) à Dompierre sur Bresbre (03)

En début d'après-midi Cyrille nous apporte l'huile hydraulique ATF 420, le complément est réalisé dans l'inverseur et après essai l'arbre d'hélice tourne de façon constante.
Cyrille vérifie à nouveau la charge batteries qui est revenue à l'état normal.

Le même château le jour
Nous appareillerons à 16h20 et franchirons aujourd'hui 3 écluses et accosterons au quai après la fonderie PSA de Sept Fons à 18h22.

Garnat sur Engièvre (03) face au service VNF
Un bel exemple de transport fluvial malheureusement avorté !!!
En 2010 entre l'usine Peugeot-Citroën de Mulhouse (68)  et la fonderie de Sept Fons à Dompierre sur Bresbre (03) est mis en place un transport fluvial par automoteurs au gabarit Freycinet.
Il s'agit de transporter quotidiennement 250 t de pièces de la fonderie vers Mulhouse remplaçant ainsi un trafic de 10 camions par jour qui de surcroît reviennent à vide.
Les automoteurs en sens inverse transportent 170 t de ferrailles destinées à être refondues, qui étaient elles véhiculées par train.
En tout 420 km de canaux parcourus en 10 jours et "cerise sur le gâteau", ces 10 jours correspondent exactement au temps de repos des pièces issues de la fonderie.
Tout va pour le mieux !
Mais par manque de précipitations ou par mauvaise gestion de la ressource, le canal du Centre ferme entre le 12 septembre 2011 et le 30 mars 2012, soit pratiquement 7 mois... Il manque 10 millions de m3 d'eau !!!
Peugeot-Citroën réorganise de ce fait le transport par route et réadapte sa logistique en conséquences. Le canal du Centre a rouvert depuis mais la logistique de PSA conserve la route... Dommage !!!



12 - De Dompierre sur Bresbre (03) à Digoin (71)

Nous passerons 6 écluses et à nouveau un pont-canal...


Sous la pluie, le carrefour entre le canal latéral à la Loire qui continue sur la gauche et le canal de Roanne à Digoin à droite

Bourgogne

Le pont canal de Digoin (71), construit par l'état de 1834 à 1838 sous la direction de Monsieur Julien, Ingénieur

Le pont canal en pierres de Digoin a une longueur totale de 243 m

11 arches de 19 mètres composent le pont canal de Digoin

Le pont canal de Digoin culmine à une hauteur de 12 m au dessus de la Loire
La hauteur d'eau dans le pont canal de Digoin est de 2,30 m

La largeur du plan d'eau du pont canal de Digoin est de 6m
Le canal du Centre

13 - De Digoin (71) à Génelard (71)

En partant aux aurores nous allons assister à de magnifiques vues de soleil levant, perçant difficilement les brumes matinales que nous allons traverser. 
Un vrai festival de lumières, d'ombres et de reflets vont nous ravir toute cette journée passée sur le très beau canal du Centre. Nous y franchirons 10 écluses.

Aucune légende sur ces photos, juste de la contemplation...














Ce matin le moteur chauffe plus que d'habitude et avant d'arriver à l'écluse n°25 du Mont sa température passe 90° C !
Un rapide coup d’œil dans la cale m'indique que la courroie de pompe à eau - la fameuse qui n'a pas été changée à Briare... - est cassée !!! Donc il n'y a plus de refroidissement eau de "mer" !
Impossible de s'arrêter, les berges ne sont pas sûres. A vitesse minimum, la plus faible possible, pour faire redescendre la température par le circuit de refroidissement primaire nous parcourons la distance qui nous sépare de l'écluse n°25 pour s'y amarrer.
Là, le bateau en sécurité, je procède au changement de courroie et je vérifie l'état du filtre d'eau de "mer" qui est presque propre. Puis nous repartons mais le débit d'eau à la sortie du pot d'échappement reste faible. La température se situe à présent autour de 85°C alors que l'objectif est 80 !
Après 2 heures de navigation, arrivés à l'écluse n°22 de Volesvres je retends la courroie.
L'eau à la sortie manque toujours de vigueur.


L'écluse n°22 de Volesvres bien pleine comme toutes les autres sur le canal du Centre !

Sur le canal du Centre, pratiquement...
...toutes les maisons éclusières sont abandonnées




















Nous continuons notre route à basse vitesse et la durée des sassements participe au refroidissement du moteur, passant alors en deçà de 75°C.
Deux heures après l'écluse n°22 de Volesvres nous serons sassés dans l'écluse n°19 de Digoine. J'en profite alors pour revérifier l'impeller. Sans l'avoir sorti, flasque déposée, il dépasse d'un demi-millimètre du corps de pompe. Il doit frotter sur la flasque de fermeture de la pompe et ainsi faire patiner la courroie sur son réa. Ce qui expliquerait le faible débit d'eau à la sortie. Après démontage complet je constate qu'il est en bon état.  Je le renfonce à fond dans son logement, en tapant doucement sur une cale en bois avec un marteau, de manière à ce qu'il ne dépasse plus et je remonte la flasque, puis je redémarre. Et là, SUPER, le débit d'eau est normal et la température en vitesse de croisière, est stable à 80°C !


Le château de Digoine
Si les anciens s’en souviennent, les nouvelles générations ignorent bien souvent que Palinges a été durant deux siècles un fleuron de l’industrie céramique.
Nous passons devant les vestiges d’un ancien four et d’anciennes cheminées. 

L’ancienne manufacture de céramique Jean-Bordelais au Montet (71)
Que ce patrimoine s’éteigne n’émeut personne ! L'ancienne manufacture de céramique Jean-Bordelais au Montet, est complètement laissée à l'abandon.
C’est en 1927, que Jean Bordelais, fils d’un céramiste reconnu, ancien élève des arts déco, rachète l’usine du Montet et entreprend de la moderniser. Au fil des années, l’entreprise se lancera dans le funéraire, l’ornemental, la vaisselle de faïence et le sanitaire.
L’usine Bordelais qui employa jusqu’à 80 ouvriers ferma définitivement ses portes en 1976, avec 15 ouvriers.
Aujourd’hui, Jean-Paul Bordelais, petit fils de Jean, souhaiterait partager son savoir faire et transformer l’usine à l’abandon, en chantier de réinsertion sous la houlette d’Emmaüs. Avec l’espoir qu’en modelant des pièces en céramique, les plus démunis parviendront à se remodeler.

Port de Génelard (71)
Génelard, est une ville située sur le tracé de la ligne de démarcation.
Instaurée par la convention d'armistice franco-allemande du 22 juin 1940 et entrée en vigueur trois jours plus tard, la ligne de démarcation, supposée temporaire, partagea en deux treize départements. Au nord de cette ligne, la zone occupée, peuplée et industrialisée. Au sud, la zone non occupée, relativement agricole.
"Cette ligne est un mors que nous avons mis dans la bouche d'un cheval. Si la France se cabre, nous serrons la gourmette. Nous la détendrons dans la mesure où la France sera gentille." Propos d'un officier allemand non identifié. .../...

Coucher de soleil sur le port de Génelard (71)

 14 - De Génelard (71) à l'amont de l'écluse n°4 de Parizenot(71)

.../... De juillet 1940 à mai 1941, la ligne de démarcation fut surveillée côté allemand par des militaires, avant d'être remplacés en mai 1941 par des douaniers. Côté français, la mission de surveillance fut confiée à des éléments de l'armée d'armistice, à des gendarmes, à des policiers et à des douaniers.
L'instauration de cette ligne eut de nombreuses incidences sur la vie quotidienne des Français : dès son installation, un régime de laissez-passer fut en effet mis en place pour toute personne souhaitant franchir légalement la ligne. Parallèlement se développèrent des passages clandestins (prisonniers de guerre, soldats alliés, réfractaires, étrangers, Juifs…), les passeurs firent leur apparition. La ligne de démarcation accoucha des premiers actes de résistance envers l'occupant. .../...

En plus d'une épaisse brume, il a gelé cette nuit ! On voulait partir tôt, c'est foutu...
.../... Cette ligne entrava la communication et la circulation des personnes et des biens : courrier, téléphone et télégrammes furent d'abord interdits, puis à compter de septembre 1940 à nouveau autorisés. L'économie ainsi que les services administratifs et juridiques se retrouvèrent soudain complètement désorganisés par la démarcation. La vie scolaire, les sports et les loisirs, le ravitaillement, n'échappèrent pas, eux non plus aux conséquences de cette ligne. Des trafics en tous genres se développèrent.
À la suite du débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, la zone non occupée fut envahie le 11 novembre 1942, mais la ligne de démarcation fut maintenue matériellement jusqu'au 1er mars 1943, date de son ouverture. Les laissez-passer furent alors supprimés.

Dure dure de procéder au largage des amarres, elles sont raides comme des perches en bois
Sécurité oblige ! Impossible de partir à 8h00, le pont et les plats-bords sont des patinoires et sont donc hyper dangereux. Après avoir attendu le dégel et plongé les amarres dans l'eau pour accélérer leur décongélation, nous ne partirons qu'à 10h40. 

La tranchée de Génelard après avoir passé l'écluse du même nom
L'usine Vairet-Baudot : "La Briqueterie" abrite l'écomusée Creuzot-Montceau à Ciry le Noble (71)
L'usine Vairet-Baudot : "La Briqueterie"

Le héron cendré en vol

Le héron cendré à terre

Montceau-les-Mines (71) et ses ponts levants

Montceau-les-Mines (71) et ses ponts levants

Montceau-les-Mines (71) et ses ponts levants

Montceau-les-Mines (71) et...

...ses ponts levants

Montceau-les-Mines (71)

Le canal du Centre et son paysage valonné

Les racines de la nature...

Après avoir franchi 13 écluses, arrêt en pleine nature en amont de l'écluse n°4 de Parizenot (71)

Un beau petit pont du XVIII e sur l'étang de Parizenot à Saint-Eusèbe, juste à côté de l'écluse n°4 de Parisenot
Maître d'oeuvre : Emiland GAUTHEY

15 - De l'amont de l'écluse n°4 de Parizenot (71) à Saint-Léger sur Dheune (71)

Nous passerons aujourd'hui 22 écluses, abandonnant les écluses côté "Océan", la dernière, la n°1 de l'Océan sera passée à 9h05 et nous franchirons à hauteur de Montchanin (71) la ligne de partage des eaux traversant le bief de partage du canal du Centre. Les écluses à venir seront côté Méditerranée et la première rencontrée sera la n°1 de la Méditerranée.


Tranchée seuil du Longpendu sur le canal du Centre à Montchanin (71)
!!! Attention : à l'échelle d'écluses à l'amont de Montchanin, de l'écluse n°2 du Charmois à l'écluse n°10 de Chez le Roi, il y a des bollards flottants et quand on est avalant, comme c'est notre cas, il ne faut surtout pas frapper les amarres. Le bollard arrivé au fond reste à une hauteur de 1,50 m au dessus du niveau d'eau - donc suffisamment haut - pour rester suspendu !!!

Deux oies frisées du Danube

Le port de Saint-Léger sur Dheune (71)

16 - De Saint-Léger sur Dheune (71) à l'écluse n°28 de Rully (71) et fin du trajet autonome !!!

C'est notre 16 e jour de navigation et nous franchirons 9 écluses sans jamais pouvoir passer la dixième et pour cause...


Les sourires en ce 16 e jour sont de rigueur

Les ombres et les lumières sont toujours magnifiquement présentes

Voici l'ancienne pancarte de l'écluse n°24 de Chagny (71) !
Avant travaux c'était la n° XXXI et on peut distinguer ce numéro gravé sur le linteau de la porte
Est-ce le présage d'un sombre avenir proche ?
A 13 heures, à très faible vitesse - comme d'habitude - nous pénétrons dans l'écluse n°28 de Rully (71) et au moment de faire machine arrière pas de réponse ! Il n'y a plus du tout de marche arrière ! Annick comprend tout de suite le problème et jette une amarre autour d'un bollard. Elle fait deux tours morts sur la bite avant bâbord et freine progressivement "Marie". A ce moment là, l'amarre se rompt ! La porte avale approche tout doucement. La profondeur derrière cette porte est de 5 m. Annick, debout à l'avant, à hauteur d’œil, voit cet abîme de 8 m approché. Nous nous arrêterons finalement en caressant la porte avale. Ouf ! Des secondes qui durent une éternité...
Après avoir haler "Marie" en arrière et une fois amarrer convenablement, l'analyse du problème peut commencer. 
Tout d'abord, j'espère que ce n'est pas à cause de la confusion des huiles qui a fait débat 6 jours plus tôt avec Cyrille et son ami ?
Le niveau d'huile d'inverseur est correct. Après avoir  démonté la trappe de visite de l'accouplement d'arbre d'hélice avec l'arbre moteur - voir photo, plus haut - je constate des dépôts de caoutchouc noir dans le fond du carter. Je redémarre le moteur et je constate que l'arbre moteur tourne mais que l'arbre d'hélice lui, ne tourne plus, ni dans un sens, ni dans l'autre ! En fait, il n'y a plus, ni marche avant, ni marche arrière ! Moi qui souhaitais un vrai point mort, je suis servi...
Je téléphone au destinataire H20, qui n'est qu'à 66 km par la route et qui doit réceptionner le bateau. Et bien sûre au propriétaire qui a été informé en temps réel des problèmes rencontrés et des solutions apportées. Le propriétaire a déjà changé à grand frais cet accouplement le 7 novembre 2013 ! Il y a 3 mois ! Et donc pratiquement pas d'heures, 110 heures grand maximum.
Le lendemain à midi arrive le mécanicien d'H20 qui démonte l'accouplement en 3 heures pour le remmener en atelier. Il y a certains boulons qu'il pourra desserrer simplement à la main !


L'accouplement en question et on distingue bien l'arrachement subit au niveau du caoutchouc
Le premier rapport qui sera démenti par la suite (???), fait état que cet accouplement serait dimensionné pour un moteur de 50 Cv et non 150 et qu'une flasque aurait été supprimée !
Les délais d'approvisionnement pour un nouvel accouplement sont minimum de 3 semaines et il sera décidé qu'un bateau vienne de Saint-Jean de Losne pour nous pousser jusqu'à destination.

Nous ne pouvons pas rester dans l'écluse. Une équipe de VNF nous aide à haler la péniche à l'amont. Ils mettront à notre disposition une rallonge raccorder à leur cabane technique  pour que nous ayons de l'électricité. Il nous proposerons même de nous emmener faire des courses, ce que nous ferons à pied - 7 km aller-retour jusqu'au bourg.  Un peu d'exercice ne fera pas de mal. Encore un grand merci à eux !

"Marie" amarrer à l'amont de l'écluse de Rully (71)
En attendant notre sauveur, nous passerons 3 jours loin de tout en pleine nature avec des incursions à Rully - Vive la marche à pied !


Rully (71)
Arc en ciel sur Rully (71)

Coucher de soleil sur Rully (71)
"Marie" avec un amarrage renforcer, à cause d'un vent force 5 à 6, à l'amont de l'écluse de Rully (71)

17 - De l'écluse n°28 de Rully (71) à l'écluse n°31 de Fontaines (71) en convoi poussé !!!

Après 3 jours d'attente, à 16 h notre sauveur arrive. Une vedette de plaisance aménagée pour l'occasion en pousseur, pilotée par Gérard et un accompagnateur qui se dit "touriste" répondant au nom d'Albert.

Et voilà notre vedette aménagée en pousseur

Cette vedette qui parait bien légère va t'elle pouvoir pousser "Marie" qui pèse 16 tonnes ?
A 16h40 nous appareillerons et nous franchirons 3 écluses

L’arrimage et l'attelage ainsi formés, manquent de rigidité, il faudra les renforcer


18 - De l'écluse n°31 de Fontaines (71) au port de Saint-Jean de Losne (21) en convoi poussé !!!

Exceptionnellement, car c'est interdit, VNF nous autorisera à passer la nuit dans l'écluse n°31 de Fontaines. L'attelage sera renforcé par des étais et des planches qu'un ami à Gérard nous apportera.


Renforcement de l'attelage avec des étais


L'écluse n°31 de Fontaines où...


...nous avons passé la nuit
   


























C'est notre dernier jour de navigation, nous partirons à 8h45 et nous passerons 6 écluses.
L'attelage ainsi rigidifié sera efficace pour ce convoi poussé de 27 m, tout de même !


Albert et son épouse sont venus nous rejoindre ce matin

Gérard, pour avoir une vision à peu près potable sur l'avant du convoi, est obligé de  piloter la tête à l'extérieur.
Position par rapport à la barre pas du tout confortable !

Annick est quant à Elle, en décompression

Albert consciencieusement...

...aide à l'amarrage dans les écluses


La chapelle de Fragnes (71)

Le sympathique, le souriant et serviable éclusier VNF qui nous suit depuis l'écluse n°24 de Chagny que nous avons passée il y a 4 jours
Une oie blanche et une oie de Toulouse

Nous sommes dans la dernière écluse du canal du Centre, la n°34 bis de Chalon sur Saône
 La Saône

Nous voici à présent sur la Saône avec du vent et du courant

Belle maison sur la rive droite de la Saône avec ses 2 vaches qui peuvent être en plastique, en résine ou en fibre de verre ?

A la nuit tombante, Gérard dans le froid assure toujours la veille et le pilotage

Voici la vision que Gérard a, de son poste de pilotage !

Nous venons de franchir l'écluse de Seurre à 18h30 et nous naviguons maintenant de nuit.
Gérard, toujours la tête à l'extérieur, nous convoiera de nuit, face à un fort courant, jusqu'au port de Saint-Jean de Losne (21) où nous arriverons à 21h10, après 12h25 de navigation.
Demain, il fera jour !
Nous nous amarrons provisoirement à couple de l'automoteur "Ibis" juste à l'entrée du port.
Nous démonterons l'attelage et nous mènerons le klipper "Marie" à son catway et emplacement de vente demain...


"Marie" à son catway et emplacement de vente - MISSION TERMINÉE !!!
Lors des convoyages des bateaux : Heyfra et Sunshine, arrivés à Saint Jean de Losne nous avons retrouvé Marie au sec

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